L'infini des senteurs et de l'amour

par hervé Dalle Nogare  -  31 Janvier 2015, 07:35


Tu peux prendre toutes nos photos et toutes nos lettres. Tu peux prendre l’aquarelle du salon et le tableau de Klimt. Je te donne les poésies de Rimbaud, la vidéo faite à Florence, la première fois que je t'ai emené en Italie.

Mais laisse-moi... un peu de ton parfum.

 

Prends mon carnet de dessins, mon stylo plume et le cahier noir. Je garde celui avec la photo de toi, faisant ta moue d'ange tombé du ciel,  les bras tendus sur les poignets de la moto qu'on avait loué ppour aller à Venise, de l'été passé ensemble,  en Italie. J’ai mis mon foulard dans ta pochette. Le tien ? Je l’ai sur moi, regarde. Oui, emmène le  Visconti et « les Ailes du désir »..

Mais j'emporterai un peu de ton parfum.

 

Tu vois, tu sais, je n’ai rien connu de plus beau que toi, toi dans mes bras, toi dans mes mains, toi dans mon regard. Mon ami m’a dit qu’il ne pouvait vivre ni mourir sans Rivière, son âme turquoise. Je sais que c’est pareil…

J'ai mis quelques gouttes de Dior sur un  de tes mouchoirs...

 

Tu as vu, comme je peux peindre de soleil nos nuits et accrocher des étoiles dans le ciel de midi ? Moi qui pensais ne jamais savoir aimer, moi l'enfant de parents divorcés, j’avais peur.Je me suis saoulé de rencontres faciles. Je ne croyais pas...Cet amour en moi, en toi…. Maintenant tu es là à côté de moi…

Je garderai ton étoffe imprégnée de toi jusqu’à mon retour.

 

Tout sera prêt. Je viendrai te chercher. Je t’enlèverai à ces jours sans lumière, à cet homme qui se dit un mari ; je viendrai comme je te l’ai promis, une  nuit sans lune et,  prenant tes enfants endormis, nous irons à l’aéroport. Un avion nous emmènera dans mon pays, l’Italie. Je t’ouvrirai grandes les portes de la maison de mon grand père, celle bordée de lilas, de lauriers rose et d’oliviers.

Chaque matin, tu ouvriras les volets sur notre  jardin où dès janvier la senteur des mimosas se mêlera à l'air, donnant l'idée de la Méditerranée.

 

Un jour, quand tout sera réglé, devant Dieu ou le Grand Esprit, devant nos amis frères et nos soeurs d'âme, devant les arbres rois et la danse des pluies, devant les enfants bleus Océan et les sages de mon village, je te demanderai ta main.  Nous serons toute notre vie, des amants mariés, même au delà de la dernière trace d'or...

J’emporterai, là encore, un peu de ton parfum Dior…

Pour Mirko et Alessandra

L'infini des senteurs et de l'amour

Seul l'amour peut garder quelqu'un vivant.
Oscar Wilde

L'air de l'eau (extrait)

Toujours pour la première fois

C’est à peine si je te connais de vue

Tu rentres à telle heure de la nuit

dans une maison oblique à ma fenêtre

Maison tout imaginaire

C’est là que d’une seconde à l’autre

Dans le noir intact

Je m’attends à ce que se produise une fois de plus la déchirure fascinante

La déchirure unique

De la façade et se mon cœur

Plus je m’approche de toi

En réalité

Plus la clé chante à la porte de la chambre inconnue

Où tu m’apparais seule

Tu es d’abord tout entière fondue dans le brillant

L’angle fugitif d’un rideau

C’est un champ de jasmin que j’ai contemplé à l’aube

sur une route des environs de Grasse

Avec ses cueilleuses en diagonale

Derrière elles l’aile sombre tombante des plants dégarnis

Devant elles l’équerre de l’éblouissant

Le rideau invisiblement soulevé

Rentrent en tumulte toutes les fleurs

C’est toi aux prises avec cette heure trop longue

jamais assez trouble jusqu’au sommeil

Toi comme si tu pouvais être

La même à cela près que je ne te rencontrerai peut-être jamais

Tu fais semblant de ne pas savoir que je t’observe

Merveilleusement je ne suis plus sûr que tu le sais

Ton désœuvrement m’emplit les yeux de larmes

Une nuée d’interprétations entoure chacun de tes gestes

C’est une chasse à la miellée

Il y a des rocking-chairs sur un pont il y a des branchages

qui risquent de t’égratigner dans la forêt

Il y a dans une vitrine un Notre-Dame-de-Lorette

Deux belles jambes croisées prises dans de hauts bas

Qui s'évasent au centre d’un grand trèfle blanc

Il y a une échelle de soie déroulée sur le lierre

Il y a

Qu’à me pencher sue le précipice et de ton absence

J’ai trouvé le secret

De t’aimer

Toujours pour le première fois

ANDRE BRETON

Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore

L'impossible, nous ne l'atteignons pas, mais il nous sert de lanterne

Un homme sans défauts est une montagne sans crevasses. Il ne m'intéresse pas.

Les femmes sont amoureuses et les hommes sont solitaires. Ils se volent mutuellement la solitude et l'amour.

Les routes qui ne disent pas le pays de leur destination, sont les routes aimées

RENE CHAR

Tu as un sang, une haleine.

Tu es faite de chair

de cheveux de regards

toi aussi. Terre et arbres,

ciel de mars et lumière, vibrent et te ressemblent–

ton rire et ta démarche

sont des eaux qui tressaillent –

la ride entre tes yeux

des nuages amassés –

ton tendre corps rappelle

un coteau au soleil.

CESARE PAVESE

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