Join Earth Belong To All of Us , Weyllia Story 1/3
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Soundtrack sublime….
Les yeux mi-clos, allongée sur son hamac, ses deux petits à côté d’elle, endormis tels des opossums, Wellya entraperçut Stephen sortir de sa cabane que dominaient le seul panneau solaire du groupement et la parabole blanchâtre pointée vers un coin du ciel. Il se prit les pieds dans une liane rasante, faillit tomber, se rattrapa au dernier moment, ne lâchant pas ce qu’il tenait dans les mains et qui était pour lui le plus précieux des biens, son lecteur tactile. Malgré la chaleur encore étouffante de cette fin de journée, Stephen venait vers elle d’un pas précipité.
« Wellya, il faut que tu lises ça ! » lui dit-il en lui tendant l’écran, totalement noir.
« Hier soir, j’ai réussi à ouvrir le dernier dossier du disque dur que je n’avais pas fini de scanner. Lis la page. Attends, je te l’affiche. Après, je te montrerai ce qui était caché dans un sous dossier, quasiment invisible, mais lié à cette page ».
Stephen toucha l’écran en deux endroits. La page apparut. Tout fut suspendu. Seul le vent murmurait au jour sa fin, annonçant le ciel de la nuit.
« Je n’irai pas plus loin, mon amour.
Je suis allé jusqu’au bout, je le sais. Je ne le peux plus. Cela fait des semaines que je marche seul, dans cette région déserte où je n’ai pas rencontré âme qui vive.
J’ai quitté le camp de base le plus reculé, il y a quatre mois, avec Taipei. Il n’y avait plus personne. Nous avons chargé le Roverkhod que les russes avaient laissé, puis nous avons remonté le lit d’un fleuve à sec. Un matin, au bout de quatre semaines, Taipei n’était plus là, laissant les caissons, le VapWater comme le Mémothèque. … J’ai continué.
Je n’ai vu que des pierres et des sables. De la poussière partout dès que le vent se levait. J’ai roulé des jours et des jours, enfermé dans ma combinaison thermorégulée.
Il y a trois semaines, le Roverkhod est tombé en panne au pied des premières pentes d’un mont aux formes arrondies.
Je suis resté là plusieurs jours pensant que c’était fini. Je mettais ma combinaison dès que le soleil se levait, puis dormais un peu pendant les heures de nuit.
Un matin, j’ai senti sur mon visage, une fraicheur. S’était formée sur mon équipement, une pellicule visqueuse. Et cela ne venait pas du VapWater . Il y avait bien de l’humidité.
J’ai laissé une partie du matériel et ai franchi le mont…Puis après quelques jours de marche, j’ai découvert l’endroit d’où je t’écris. C’est une faille, qui, dans les roches, s’ouvre. Je l’ai explorée et j’ai trouvé une nappe d’eau, une nappe d’eau pure, mon amour…Ils la trouveront un jour ou l’autre, ceux qui viendront…
Je viens de finir l’acheminement du Mémo-caisson. Tout y est intact, à l’abri pour des décennies et des décennies…Ils le trouveront, ceux qui viendront ».
Weyllia leva les yeux vers Stephen, lui faisant comprendre qu’elle ne saisissait pas l’urgence qu’il y avait à lire cette page. Oui, ils avaient trouvé le caisson et ce qui restait du squelette de cet homme donc. Et alors, qu’est-ce que cela changeait ? Le vent ramenait de plus en plus la nuit.
« Attend, je t’affiche la suite. » Stephen manipula la plaque tactile. La suite de la page apparut.
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HDN Novembre 19
Climat : le scénario apocalyptique de David Wallace-Wells
Rédacteur en chef du bimensuel culturel " New York Magazine ", David Wallace-Wells s'est transformé en héraut de l'urgence climatique en un article retentissant et désormais un livre, " La Terr...
Extrait de l'article :
Quand la planète sera-t-elle devenue trop chaude pour les humains ?
Peut-être au cours de la vie de nos enfants...
« NOUS SOMMES ENTRÉS DANS LA DÉCENNIE LA PLUS CRUCIALE DE L’HISTOIRE DE L’HUMANITÉ. NOTRE ESPÈCE ENTIÈRE TRAVERSE UN DILEMME EXISTENTIEL, ET QUELLE QU’EN SOIT L’ISSUE, LE SENS DE NOS EXISTENCES SERA RÉVÉLÉ. » DAVID WALLACE-WELLS
S’ensuit le scénario, étayé de chiffres et de témoignages de dizaines de scientifiques et climatologues, de ce qui nous attend si nous échouons à maintenir le réchauffement climatique sous la barre des deux degrés (l’objectif, déjà considéré comme illusoire, fixé par l’accord de Paris, en 2015). Terrifiant, l’article fait l’effet d’un électrochoc : il devient le papier le plus lu de l’histoire du magazine (plusieurs millions de lecteurs une semaine après sa mise en ligne).
Enrichi, l’article est depuis devenu un livre. Dans La Terre inhabitable (Robert Laffont), David Wallace-Wells dresse, preuves à l’appui, le scénario d’un cataclysme en douze chapitres sinistres (« Morts de chaud », « Un air irrespirable », « L’effondrement de l’économie »…), avant d’explorer les questions politiques, géopolitiques, éthiques et même artistiques, auxquelles le réchauffement nous confronte déjà. « Le changement climatique est une crise humanitaire et morale, dit-il, mais c’est aussi une histoire fascinante. Nous sommes entrés dans la décennie la plus cruciale de l’histoire de l’humanité. Notre espèce entière traverse un dilemme existentiel, et quelle qu’en soit l’issue, le sens de nos existences sera révélé. »
Investi d’une mission vitale
L’ambition de David Wallace-Wells est totalisante, métaphysique, philosophique : raconter une histoire sans méchants ni gentils, sans héros ni victimes désignés. « Même si vous avez une voiture électrique et que vous ne mangez pas de viande, note-t-il, en étant le citoyen privilégié d’un pays du Nord, vous bénéficiez de l’économie fossile. Nous faisons tous partie d’un grand récit, qui ne se limite pas à la conspiration de cinq compagnies pétrolières, mais est la saga de notre addiction aux consumérismes....