Au bout de la nuit des hommes
Je me promène chaque nuit
Sur la ligne séparant sable et océan
Bras ouverts bras tendus
Mes paumes miroirs tournées
Vers le lac que l’on voit scintiller
Au fond de la vallée nue
Appelée Voie lactée
Et je regarde défiler chaque comète
Et je regarde passer une à une chaque planète
Jusqu’à ce que disparaissent les derniers sentiers
Que trace la nuit à nos sommeils emmurés
Je ne les compte pas
Mais une étoile il manque
Même ici sous l’équateur où toutes se voient briller
Comme des phares
Au bout de la nuit du ciel
Comme des flammes
Au bout de la nuit des hommes
Nuit qu’ils ont eux mêmes fabriquée
Oubliant tout
Les animaux et les peintures du jour
Les arbres et la sculpture des premières lueurs de l’aube
Le jour où tu es partie
Ma Rivière ma Turquoise
La plus humaine des étoiles s’en est allée
Bientôt
Je te rejoindrai
J’aurai écrit le dernier mot
Dont il m’aura été donné à en entendre l’écho
Tu sais
A l’humanité
Il faut bien lui laisser des traces
Pour qu’elle ne se perde pas tout à fait
Dans la totale obscurité
Là où tout est opaque
Même si je dois les peindre avec mes mains
Dans quelques poésies tressées
Comme le sont nos légendes amérindiennes
Je n'ai qu'une partie du cœur arrachée
là haut tu as gardé mon âme intacte
HDN Janvier 20