La terre nue

Il faut avoir le courage inconscient

Pour absorber nos nuits

Les broyer à mains nues

En extrayant 

D’un inconnu métal

La graine infécondée

Que l’on porte

Dans les couches lointaines

De notre mémoire

Il nous faut croire

Que l’indicible prendra lettre

Lorsque on atteindra d’une flèche

D’un excès de rage

De solitude ou d’amour absolu

La roche ensevelie

De notre souffle premier 

Libérant la source et son émotion vive

Nous sommes

En tout premier

Eau cellulaire et souffle

Avant tout autre chose

Nous ne sommes pas seuls

Nous sommes légions

A avoir vu de l’autre côté de nos visages

Cette terre où nous nous sommes fait naître

Libres

Il nous faut croire

Oh ma sœur, mon frère

Mon amour

Toi que j’aime autant que la liberté et le ciel des voyages

Que nos vies souterraines

Que nos vies sous-marines

Prendront fin à force de marche dans des pays inféodés

Il nous faut croire que nous serons redressés,

Fiers terriens et aériens

Il nous faut croire

Que nous sommes millénaires

De tous nos arbres et vies réunies

Toi qui fus  tu es en moi

Toi qui seras tu es en moi

Le souffle n’a pas de frontière

Ni ici  ni après

Il est

Et vient en nous

Perpétuellement

Il nous faut croire

Que l’invisible prendra corps

Et que notre mort aussi nous appartiendra un jour

Libres d’aller rejoindre

Ce que nous fûmes

Ce que nous sommes

Ce qui sera encore

Pour toujours

Des infimes parties de la lumière

Il nous faut croire

A nos capacités d'adaptation d'action 

Que seul l’abandon à la bonté totale

Mène à l’infini de la clarté
 

Elle voyage éternellement

Nous en sommes porteurs

Nous ne sommes que des voyageurs

Je serai un jour

De nouveau

Lumière dans ta propre lumière retrouvée

Il fera grand jour sur le bleu de la terre nue

Se réapprendront alors le geste l’outil

Le pacifique et le gentil

La référence à ceux qui vécurent

Le vert et l’apaisement de la moisson revenue

Pour ceux vivants sur la terre du futur 

HDN Février 2020