Photographés

par hervé Dalle Nogare  -  13 Mars 2016, 22:10

Les sommeils renferment des mondes d’eux seuls connus. Les milliers d'images que le cerveau fait under control s’enfouissent dans les galeries souterraines de l' inconscient, circulant par des réseaux neuronaux autonomes et se logent dans des zones cérébrales, qui, comme des petits lacs d'émotions, agissent,pèsent sur nos sentiments, nos heures…

Il faut avoir l’éveil agile , même au milieu des nuits pour, au matin, retrouver la trace de ces instants purs où, bien plus profondément que la raison ait pu saisir, nous étions absolument vivants.. .

Après les nuits que l'on passe à réécrire le film de ce que l'on n'a pas compris , on entre comme dans une errance, une pénombre de soi lacérée par une sensation d'inaccompli, pareille à une vive exposition, un raie aveuglant de soleil passant par les stries d’une jalousie mal fermée.

Surgissent alors des instantanés où tout s'écrivit à la vitesse de la lumière


 

Photographie

Elle, nue, ne portant qu’une veste, dans une chambre au lit défait, jouxtée d’une salle de bain au carrelage blanc et aux cuivres anciens, peignés, forme démodée des robinets qui font de cet endroit, un  lieu d’une beauté sage et voluptueuse…Chambre aux volets  légèrement entre ouverts , comme pour être à la fois retirés du monde et arc boutés au monde, écoutant sa palpitation, sentant sa respiration, approfondissant ainsi chaque instant, de baiser, longs, d’étreinte totale.

Chambre, avec cette armoire , muette mais massive de son bois luisant…Chambre avec ses rideaux flottant au moindre souffle de vent venue de cette rue surexposée au soleil équatorial…Chambre où chaque senteur me reviendra perpétuellement…

 

Elle, adossée à la tête ferronnée du lit, nue avec cette unique veste, laissant apparaître la courbe de ses seins, une jambe repliée, laissant au regard ses cuisses, hanches, pubis à peine esquissés, ses mains posées sur le drap froissé, ses cheveux aux mèches sauvages, son visage sans aucun doute, aucune retenue, donné, regard totalement ouvert, abandonné, où aucune ombre ne peut être soupçonnée…

Elle me regarde…

Elle me regarderas jusqu'à la fin ….

…..

Nos vingt ans sont pareils à des torrents, roulant toutes les pierres sans le moindre souci, puissants , insouciants du temps de la jeunesse et de sa brièveté, arrogants dans leurs folles prétentions de connaître «  la vraie vie »…

Dans le sillage de Rimbaud, de Kérouac, nous étions sûrs de tout brûler, désirs et folie, nous étions sûrs de préférer la mort glorieuse de l’excès à la lente agonie du corps et du cœur, ne pas dépasser la barre des 27 ans, James Dean, Kurt Cobain, Amy Winehouse...Born to run, live and let die die...

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Puis la vie, le chemin, la course, le devoir et le devoir accompli, le prêt à penser, le prêt à vieillir, l'avoir pour être, la cuisine équipée, Whatsapp et Welcome in Sex Machine City...Surtout, tout faire pour éviter la maladie, les cigarettes...La vie à consommer avec modération

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Ces raisons sociales ne nous ont pas éteints...

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Nos déraisons asociales ne nous ’ont pas anéanti…

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Les après, ces maudits après, auraient pu être braises de ces feux anciens, où des photos raconteraient à de nouveaux voisins ou collègues, la lucidité et la pratique de cette puissance du vivre que nous avions …On a fait quelques sauvegarde sur des disques durs externes...oui, externes à soi, exténué.

L’odeur du carton, de l’album, du grenier, pire de la cave, où gisent encore quelques traces des temps lumineux montrent bien le sens des années … On s’efface… On jaunit Photographies papier glacée, fichiers écrasés Comme se sont déjà effacés la plus part des gens croisés, ça et là, dans des vies où le vivant est en retrait, sauf le samedi « où on répète avec Joe » rassuré d'une retraite, religieusement préparées pour finir dans un « chez soi », contemplant les lueurs de ce passé…

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Or…non….

Ce que nous étions à 20 ans, au sein de notre bande , « cet être barré », n’était pas une imposture , une mode suivie, un état d’être commun de l’adolescence flamboyante… Nos âme étaient bien tourmentées du désir de vivre, du fond  de soi à la surface de la peau… Elles le sont encore dans ces jaillissements d'images... Jamais, nous n’avons abdiqué de ce désir, farouche, irrévérencieux….

 

Bien que paumés, jamais revenus d'un space trip aux yeux de ceux qui ont déjà leur place et leur transat réservés sur les plages de Tour opérateurs, nous n'avons jamais remisé nos accoustics guitars, nos cahiers raturés, nos natures ensauvagées.. Nous préférons encore les éclaboussures des torrents et le jaillissement de l’arc en ciel…

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Quitte à crever, dehors, sous les étoiles.

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Toi, nue, avec cette unique veste

Moi, nu, te photographiant,

Cigarette partagée, après une éteinte sans aucune retenue

Photographés..

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Deeply,

WE ARE

Still alive, in love and well…

No surrender, Dear, no surrender....

Still more far away...

How deep is living

The other unknown side of the border

 

Higher and higher to our interstellar love

Never, never, give it up.......

 

HDN MARS 2016

Sountrack : Thomas Bergen "Final Frontier" 

For emotion : Ending scene " Interstellar".....

Photographés
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Extra comme d'hab... j'y aurait juste ajouté l'anamour de Gainsbourg. Mais en fait non, il y a tellement de morceau pour notre mémoire... bon tout d emême chance à toi de pouvoir revoir le film de tes rêves. Moi le disque est cramé. bises