Je suis de ceux qui pensent....Victor Hugo

par HDN Dalle  -  7 Novembre 2018, 13:49  -  #audio, #photo, #poèsie

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Je suis de ceux qui pensent....Victor Hugo

 

Cent ans après la première guerre mondiale...

Je suis de ceux qui pensent que l’on peut détruire la misère et l’ignorance…

Je suis de ceux qui pensent que la fraternité est l’avenir de l’homme et que l’éducation, l’école en sont son berceau, plus encore dans nos sociétés mondialisées qui détruisent notre planète, où se lit, déjà la montée des extrêmes, ainsi que des crises migratoires majeures.  

Je serai toujours de ceux qui agiront dans ce sens jusqu’au dernier moment de leur existence…

 

HDN Novembre 18

 

 

Discours de Victor Hugo, 9 juillet 1849 Assemblée nationale

Détruire la misère

 

Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère.

 

Remarquez-le bien, messieurs, je ne dis pas diminuer, amoindrir, limiter, circonscrire, je dis détruire. Les législateurs et les gouvernants doivent y songer sans cesse ; car, en pareille matière, tant que le possible n'est pas fait, le devoir n'est pas rempli.

La misère, messieurs, j'aborde ici le vif de la question, voulez-vous savoir jusqu'où elle est, la misère ? Voulez-vous savoir jusqu'où elle peut aller, jusqu'où elle va, je ne dis pas en Irlande, je ne dis pas au Moyen Âge, je dis en France, je dis à Paris, et au temps où nous vivons ? Voulez-vous des faits ?

 

Il y a dans Paris, dans ces faubourgs de Paris que le vent de l'émeute soulevait naguère si aisément, il y a des rues, des maisons, des cloaques, où des familles, des familles entières, vivent pêle-mêle, hommes, femmes, jeunes filles, enfants, n'ayant pour lits, n'ayant pour couvertures, j'ai presque dit pour vêtement, que des monceaux infects de chiffons en fermentation, ramassés dans la fange du coin des bornes, espèce de fumier des villes, où des créatures s'enfouissent toutes vivantes pour échapper au froid de l'hiver.

 

Voilà un fait. En voulez-vous d'autres ? Ces jours-ci, un homme, mon Dieu, un malheureux homme de lettres, car la misère n'épargne pas plus les professions libérales que les professions manuelles, un malheureux homme est mort de faim, mort de faim à la lettre, et l'on a constaté, après sa mort, qu'il n'avait pas mangé depuis six jours.

Voulez-vous quelque chose de plus douloureux encore ? Le mois passé, pendant la recrudescence du choléra, on a trouvé une mère et ses quatre enfants qui cherchaient leur nourriture dans les débris immondes et pestilentiels des charniers de Montfaucon !

 

Eh bien, messieurs, je dis que ce sont là des choses qui ne doivent pas être ; je dis que la société doit dépenser toute sa force, toute sa sollicitude, toute son intelligence, toute sa volonté, pour que de telles choses ne soient pas ! Je dis que de tels faits, dans un pays civilisé, engagent la conscience de la société tout entière ; que je m'en sens, moi qui parle, complice et solidaire, et que de tels faits ne sont pas seulement des torts envers l'homme, que ce sont des crimes envers Dieu !

 

Vous n'avez rien fait, j'insiste sur ce point, tant que l'ordre matériel raffermi n'a point pour base l'ordre moral consolidé

 

 

Victor Hugo 1849

 

 

 Destroy misery

T am not, gentlemen, those who believe that suffering can be suppressed in this world; suffering is a divine law; but I am one of those who think and say that we can destroy misery.

Mind you, gentlemen, I do not say diminish, diminish, limit, circumscribe, I say destroy. The legislators and the governors must think of it incessantly; for in such a matter, as long as the possible is not done, the duty is not fulfilled.
Misery, gentlemen, here I come to the heart of the question, do you want to know how far it is, misery? Do you want to know how far she can go, how far she goes, I do not say in Ireland, I do not say in the Middle Ages, I say in France, I say in Paris, and the time we live? Do you want facts?

There is in Paris, in those suburbs of Paris, which the wind of the riot so lately raised so easily, there are streets, houses, cesspools, where families, whole families, live pell-mell, men, women, young girls, children, having for beds, having for blankets, I have almost said for clothing, that piles of rags in fermentation, collected in the mud from the corner of the terminals, a kind of manure of the cities where creatures burrow alive to escape the cold of winter.

That's a fact. Do you want others? These days, a man, my God, an unfortunate man of letters, because the misery spares no more the liberal professions than the manual professions, an unfortunate man died of hunger, died of hunger to the letter, and the After his death, it was found that he had not eaten for six days.
Do you want something more painful? Last month, during the recrudescence of cholera, we found a mother and her four children who sought their food in the filthy and filthy debris of Montfaucon mass graves!

Well, gentlemen, I say that these are things that should not be; I say that society must spend all its strength, all its solicitude, all its intelligence, all its will, so that such things are not! I say that such facts, in a civilized country, engage the conscience of the whole society; that I feel it, I who speak, accomplice and solidarity, and that such facts are not only wrongs to man, that they are crimes against God!

You have done nothing, I insist on this point, as long as the established material order is not based on the consolidated moral order


Victor Hugo 1849, speech to National Assembly

 

 

Je suis de ceux qui pensent....Victor Hugo
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Merci Hervé de nous donner à lire, à relire ce texte, manifeste magnifique dont pourraient s'inspirer les autoproclammés leaders d'une gauche qui a abdiqué de sa substance même.<br /> Avec " de la servitude volontaire", et d'autres textes encore - que nous pourrions répertorier en ces temps bruns- il doit nous nous servir de boussole.