La souffrance la rage le rêve (3)
Au combien sommes-nous lâches, ai-je songé à te voir livrée ainsi, entre ciel et océan.
Au combien sommes-nous aveugles, sourds, acquiesçant avec la foule, se taisant face aux valets, portant main au visage, les nuits où hurlent les esprits, pour ne plus entendre cris que vents et arbres nous apportent au seuil de notre cœur stérilisé par le mensonge des idoles, la torpeur des fins de journée, harassés par nos chaines acceptées mais peinards, dans les sombres couloirs de vies inaccomplies pour quelques gloires.
Au combien avons-nous renoncé à nos frères, sœurs aux yeux ensanglantés de n’avoir eu comme seul cri de liberté que celui de la rue quadrillée, que le mourir droit au soleil rouge des hauts rêves qui ne meurent pas.
Au combien avons-nous renié, peu à peu notre souffle princier pour quelques repos gagnés, peau après peau, rongés par la lèpre de l’accepté, de l’impuissance.
Ecrire parler s’indigner, tout cela est mince face aux brasiers qui se déclarent aux quatre coins des villes-cités, tout cela n’est que prémices à ce qui se glisse devant nous en milice policées, à tout ce qui se prépare dans les coulisses des pouvoirs.
A l’heure où tomberont du ciel réveillé, milliers d’oiseaux asphyxiés, où sombreront dans l’océan humilié, par milliards, poissons plastifiés, nous devrons combattre, mètre par mètre, ruelles après ruelles, maigres parcelles de ciel et terre épargnées, nos yeux scellés sur l’aurore possible, sans un mot prononcé, sans maudire ceux du siècle passé, pareil à toi, oh inconnue, étrange messagère.
Se donneront ainsi trajectoires, flammes et fruits
Aux enfants appris de nuits, de désert aguerris
Sachant eux trouver l’eau des rêves puissants
Et l’amour de tout ce qui est encore resté vivant
HDN Mars 2019
Soundtrack Zack Hemsey The Way