D'un monde à l'autre
Si j’écris ces mots et que par je ne sais quel mystère s’y reflète une lueur de poésie, ce n’est ni pour édition, gloire, reconnaissance, like ou émoticons sur des réseaux sociaux.
Non, c’est pour que tu restes en Vie.
Que tu restes en Vie dans cette vie fleuve qui lentement passe sous les grands arbres qu’on abat, qui lentement s’amenuise dans une nuit expansive, voyant lentement la bascule de valeurs et de signifiance arrachées par tant de peuples aux poings levés, qui ne peut retenir, un à un, les animaux s’en allant, ceux de l’hémisphère Nord, ceux de l’hémisphère Sud, voyant une violence croître comme des feux, des incendies de forêts sèches, identiques à ceux de Californie ou d’Australie.
Si j’écris ces mots et que, par je ne sais quel hasard, portés par un peu de poésie, ils te parviennent, c’est pour que tu restes en Vie.
Car tu vois, au-delà des nuages d’orages de plus en plus soudains, des chimères numériques qui nous nos lient les mains, des projections algorithmiques sur nos vies intimes, des atmosphères chimiques désoxygénant l’air et l’eau , résistant, combattant, élégant, en passant d’une rive à une autre suivant la coursive d'un rêve, traversant ces frontières qui se dressent, tu feras prendre racines visage et chair, à un aujourd’hui fait d’aurore, de bleu, de jardins partagés, des îles vertes et jaunes, de richesses redistribuées, de villes réinventées, d’enfance confiante et de folles jeunesses imaginatives.
Si j’écris ces mots et que par chance, animés par un souffle de poésie, ils arrivent jusqu’à tes yeux, gagnant ton âme, c’est pour que tu restes en Vie et que, là où tu seras, tu donnes, encore et encore, visage à Aimer, ce verbe conjugué de ciel, rivières et fruits, le coeur même de la vie humaine qu’il nous faut préserver sur cette terre, d’un monde à l’autre .
HDN NOV 20