La Lune sur le fleuve
Sur le fleuve vif saut après saut remontant rapides cascades
Lent passage où vrombissent seules l’hélice des ailes insectes et les pâles du moteur
Se referment jours sans vie nuits sans amour
Monde des marchés des écrans hurleurs des mises à jour forcées
Derrière la pirogue tout s’efface
Le silence frissonné des arbres et des flots prend place entre les gens de tout âge
On ne parle sur le banc du canoé on regarde la canopée qui nous voit passer
S’ouvre alors le haut Maroni le pays interdit
Où père et mère soir arrivé pèchent sur les roches lavées
Poissons du diner ou du demain qui seront grillés ou boucanés
Les enfants courent nagent rient au milieu de la nature dont se connaissent encore
Secrets dangers tout le bonheur d’y vivre presque dévêtus le coeur le corps
La lune elle qui parle aux hommes
Comme parlent les animaux aux femmes hommes initiés
Sait
Que de l’autre côté de la Terre souillée le ciel s’est effondré
Et qu’ici germent les graines des arbres habités
L’aurore toute dorée aime chaque matin venir y réciter des jours futurs le refrain
Ce n’est pas le paradis il y a la mort l’or l’alcool les histoires de famille d’amoureux éconduits
Mais ici plus que nulle part on y sourit
A celui qui ne se ment à lui-même ni à personne âgé ou jeune
Main ouverte à ce qui vit et donne
Là mon coeur solaire s’est remis à battre
Là mon âme oiseau lunaire vole haut puis se repose sur la peau de cette terre
Quand lumière sur toute chose s’appose
Ici nulle poésie ne s’écrit elle se chante elle se dit
Tout entière ici
Elle vit
HDN Mars 2019