Where Gold Colt and Cross are the Only Social Security ( 5/7)

Paramaribo

Mais il fonctionne bien, ce monde américanisé pour le zéro virgule un de la population.

 Il y a quelques jours, alors que je regardais sur le net des photos du Suriname, s’est affichée une pub « moins cinquante pour cent » si le paiement se faisait directement via la plateforme. Et j’ai cliqué. Après avoir dormi une nuit dans un bas quartier de la ville, je suis dans un «  Resort ».

Parfait, tout y est parfait. Sur une petite bande de terrain qui finit sur le fleuve, le « Resort » propose chambre climatisée, piscine, jacuzzi, salle de sport, jardin verdoyant et fleuri, excursions en forêt ou sur le fleuve avec guides, service de sécurité à l’entrée et passant dans les allées, vidéo-surveillance high-tech partout. Bon, pas étonné plus que ça après avoir vu des drones-policiers planer au-dessus de Villemstad, capitale du Curacao.   

Des floppées de personnels s’occupent de tout, avec le sourire et les mots d’une grande courtoisie. Le buffet du breakfast y est monumental. L’interdiction de fumer est partout sauf dans un tout petit endroit, obligation est faite de trier les déchets. Dans la salle de bain une pancarte nous prie de bien vouloir vérifier que nous avons fermé les robinets et que si c’est possible le linge de toilette ne sera changé que tous les deux jours. Il nous faut penser à la planète conclue cet affichage…Marrant parce que je suis entré dans la chambre la première fois, toutes les lumières étaient allumées et la climatisation fonctionnait à fond !

Vraiment tout est parfait...Sauf que, sauf qu"il faut accepter d'être filmé dès sa sortie de chambre. Sauf que personne ne se parle, ici, ce serait-ce que pour se saluer comme on se salue dans les rues de Kourou. Et l'âme s'en retrouve comme glacée...

L’hôtel est plein. La clientèle ? Européenne ? Américaine ? Asiatique ? Oui pour une grande partie mais le vrai point commun, c’est l’âge, avancé ou le CSP des clients et leur Gold Bank Card. « In retreat » ou «  in vacancy » m’ont dit une américaine de soixante-cinq ans et un quadra d’une « Oil compagny » hollandaise. « On vient faire de la pirogue sur le fleuve et voir les animaux sauvages ». Et bien, le fleuve est pourri et les zanimals, ils ne sont plus là, Mister FrosenSoul !

Allant acheter de quoi manger dans une épicerie vietnamienne, n’ayant pas les moyens de faire deux repas par jour, j’ai vu le décor, tout autour. Des entrepôts. Tous fermés. Le travail ? Il n’y en a plus m’a dit le gardien. « Moi, avant, j’étais marin pêcheur mais il n’y a plus assez de poissons ».

Comme tout est corrélé. Comme cet endroit, où dans ma chambre j’écris ce texte, clim coupée, ne peut exister que parce qu’en amont, les « sans dents » , les «  trainent monde » errent à la recherche du minimum pour vivre….

Se multiplient, sur le trottoir des villes, comme ici à Paramaribo, des groupes d’hommes et de femmes qui pour une poignée de billets repeignent les maisons, réparent les voitures, refont les jardins, lavent et repassent les linges, corvéables à merci. Et ils ont intérêt à être bons car sinon ils ne seront plus jamais pris…

Quand une voiture s’arrête près d’eux, vous les voyez se précipiter vers la portière. Heureux, heureuse celui ou celle qui est pris, fatalistes ceux qui restent sur le trottoir. Il leur faudra trouver de quoi manger à midi et ce soir…

A suivre pour finir en beauté ! 

HDN Octobre 19