L'école du Savoir, le dernier temple de la Liberté (2)

par HDN Dalle  -  10 Mars 2020, 01:40  -  #textes, #photographie, #musique

L'école du Savoir, le dernier temple de la Liberté (2)

 

Et bien non, un non ferme, déterminé !

Car s’il existe des lieux où se décident les « enfers chimico-plastique ( voir le superbe film «  Dark Water »), il est des lieux, si petits qu’ils en sont presque invisibles ! Mais là s’y prépare un demain résistant et surtout humain, où chacun à sa place, où personne n’est mis de côté….

Partout, dans le monde, des «  invisibles » pensent, agissent, influent sur nos existences de demmain.

C’est Liana qui vient de finir un roman essentiel. C’est Carol, qui va mettre en circulation un documentaire magnifique. C’est Eric qui va mener la bataille électorale dans son village, c’est Dominique qui publie un nouveau livre pour les jeunes maitres, c’est Patricia qui continue son combat pour les femmes battues et pour que le jeunes étudiants connaissent les sites isolés de Guyane.  Des personnes s’engagent totalement dans une lutte qui n’est autre que celle de garder le meilleur de ce qui nous constitue : la belle humanité.

 

S’il y a des vies d’enseignants où l’engagement pour l’éducation, le savoir et ses hautes valeurs humanistes peuvent être montrées comme exemplaires tant celles-ci sont vertueuses et constellantes, alors je viens d’en rencontrer une.

S’il y a une preuve que par la seule volonté d’un homme, humble, généreux, ferme, sur les frontières des mondes modernes et traditionnels qu’il faut unir, sur les sites isolés où tout est d’une difficulté majeure, qu'il y a la possibilité du Savoir, enseigné et approprié, mais aussi du Vivre ensemble réalisé, alors je viens de le rencontrer et souhaite  lui faire honneur.

 

Monsieur Daryl A…, directeur et enseignant sur un de ces sites isolé,  de par sa présence et ses actions quotidiennes a donné à son école une force qui fédère non seulement une équipe, des élèves , des familles mais tout un village.

 

Trois faits :

«  Je laisse les portes ouvertes de mon école et de mon bureau tout le temps, demandant uniquement qu’elles soient bien claquées. Il ne faut pas tenter le mal. J’ai confiance dans mon village. Ici, il n’y a pas de voleur »

 

Au cours des trois jours que je passais là-bas, tous les enfants, jeunes, adultes, anciens me saluèrent avec un respect, de jour comme de soirée et nuit. Très rare constance à notre époque. Un jeune homme me rapporta quelques affaires laissées sur les marches de l’école à 21 heures ! Ailleurs, elles se seraient volatilisées..

 

Les deux «  nouveaux enseignants contractuels »,  me déclarèrent que l’accueil et les conseils que leur donna cet homme, leur permirent de s’installer et de se mettre au travail dans d’excellentes conditions.

 

Nous ne sommes pas seulement des fonctionnaires lorsque nous rentrons dans ce métier. Nous sommes enseignants en classe comme dans la vie de tous les jours. Mr Daryl A. est  enseignant directeur tout le temps.

 

Toutes les fins d’après-midi, il réunit les jeunes et joue au football sur le terrain du village. Il partage ses films avec les jeunes, laisse la porte de sa maison ouverte pour que ceux qui n’ont pas d’eau fraiche puissent en prendre. .

 

Cet homme est un des gardiens, qui à la frontière des temps s’entrechoquant,  de ce qui anime notre identité profonde d’êtres vivants et l’esprit de nos lois. Faire humanité au milieu des êtres humains quelque soit leur origine, leur religion, leur peau, leur sexe, faisant de son école l’ultime temple que nous devons garder à tout prix debout : le lieu du savoir, de l’humain et de la fraternité….

 

Me raccompagnant au dégrad, où m’attend une pirogue que piloteront deux jeunes à la demande de Darryl, il me dira, « Tu peux revenir quand tu veux. Ici, nous accueillons tous ceux qui recherchent la paix… »…

Darryl, je reviens bientôt.

 

L’école du Savoir, sur site isolé,  sur l’extrême des frontières, est le dernier temple où de vivants piliers se parlent aux coeurs comme à l’esprit, pour que les enfants de maintenant deviennent les hommes et les femmes libres de demain dans le respect de leur communauté et de la nature qui les entoure.

 

HDN MARS 20

 

A Patricia....

A Me D,Z....

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
D
Hervé, merci pour tes mots si justes et ce témoignage très émouvant pour l'ancien instit que je suis. Si l'on cherche à définir ce qu'est l'humanisme, je crois qu'on en a ici l'exemple par la preuve. Je pense souvent ces jours derniers, dans la situation que nous connaissons, à tes poèmes et à nos discussions (notamment notre dernier échange au téléphone). Y sommes-nous déjà? J'ai le sentiment de ne pas être préparé. Mais le sommes-nous jamais? Les veilleurs comme toi nous avaient alertés. Ta poésie plus que jamais brille comme un phare.