L'école du Savoir, le dernier temple de la Liberté

par HDN Dalle  -  10 Mars 2020, 01:08  -  #textes, #photographie, #musique

L'école du Savoir, le dernier temple de la Liberté

 

 

Si, pour Baudelaire, au XIX siècle,  la nature est un temple où de vivants piliers laissent parfois sortir de confuses paroles, il n’en est  rien, ici, en Amazonie où cette nature parle une langue parfaitement compréhensble. Quand la piroqgue s’arrête,  le moteur coupé, s’entendent la paroles des arbres qui échangent avec le vent, les oiseaux se répondant les uns aux autres, la rivière dire qu’il y aura pluie ou soleil demain.

Le soir, le chant des crapauds fait écho au bruissement des milliers d’insectes et montent dans le ciel les milliers d’étoiles du cercle de la Voix lactée.

L’homme que je suis reprends alors la place qu’il a dans l’ensemble de tout ce qui vit, repire, sent et parlent. Je suis un humain au milieu d’autres êtres dont je comprends les langages qui, en une symphonie aux multiples instruments,  composent la plus belle des œuvres jamais faite :  la nature.

 

Je me sens profondément à l’égal de ce qui m'entoure, du plus petit lézard au grand aigle volant dans le très haut du ciel. Je suis, au sens le plus profond, de la même famille qu’eux, n’ayant évolué que grâce à des hasards que seuls expliquent un peu la paléontologie, l’anthropologie, l’archéologie. Je me sens un animal ayant été un poisson et, avant, encore un simple organisme plongé dan le fond des océans. Je sens, en moi, des cellules communes avec les végétaux, les arbres, les fleurs,  des atomes en partage avec les aminaux, porteurs de poils, d ‘écailles ou de plumes.

Mon ordinateur, mon appareil photo, mon smartophone ne sont que de simples cailloux taillés maladroitement à côté de ce que je vois sur le bord des fleuves d Amazonie, où s’enchevêtre dans une vie générale où loin d’être soumis à cette loi dite de la jungle, tout ce qui " coexiste" , lié par des chaines fines. Un exemple parmi tant d’autres, les biologistes, les naturologues commencent à comprendre qu’un arbre vieillissant  émet des atomes qui vont signaler aux insectes qu’ils peuvent le coloniser et ainsi, s’y reproduire .

Non, ce n’est pas un paradis où l’on pourrait prolonger le mythe du bon sauvage. Ce n’est que la vie, puissante où tout nait, moisi, pourri, meurt, permettant à la vie, se nourrissant des décompositions des uns de continuer à se dérouler dans un mouvement mêlant le soleil, l’oxygène et la pluie. Ici, est le souffle renouvelé.

 

Il en est ainsi des hommes qui y habitent. Ils appartiennent à leur milieu proche, connaissant le moindre relief, l’effet de tels ou tels plantes, prises comme ceci ou cela, savent où et quand trouver la nourriture qui leur faut, sachant planter ici plutôt que là, le manioc ou la patate douce. Ils vivent avec ce qui a vécu, se racontant l’histoire de leurs ancêtres ou leurs grands-parents, utilisant le présent des verbes auxquels sont accolés les sujets, signifiant ainsi que tout continue.

 

La mondialisation les frappe de plein fouet. Voyez ici que rien n’a changé depuis l’arrivée de l’homme blanc avec ses chevaux, ses fusils, son fer, puis ses chaines, ses fouets et ses croix….Des milliers de kilomètres carrés de cette nature disparaissent chaque année pour que s’étendent des élevages de poulets ou de boeufs qu’on retrouvera dans les sandwichs vendus sous plastique dans les stations services des autoroutes menant «  aux plages » californiennes ou européennes ;   l’orpaillage clandestin ne cesse que tragiquement d’augmenter polluant au mercure pour des années, rivières et fleuves, poissons et gibiers, mercure qui ingéré, contamine le ventre des femmes, le sperme des hommes. Y naisent de plus en plus des bébés handicapés. La mort à tous les étages, vu que pour une poignée d’euros, ces mêmes amérindiens, peu bien sûr,  peuvent avoir servis de guides ou de porteurs à ces orpailleurs, néo-esclaves eux mêmes….Sur le marché chinois, à  trois cents dollars la tête de jaguar, ceux-ci ne peuvent que disparaitre très vite de la surface de la terre.

Mort à tous les étages vu que les jeunes de ces peuples là sont aspirés par des Messi ou The Week’nd dès qu’ils arrivent dans les collèges puis dans les villes du littoral de Guyane. …..Pas un mot de ce que je viens d’écrire est un effet de manche,  je suis témoin de tout cela.

 

Fin de monde, fin de la nature ?

Car si se regardent les trajectoires de chaque côté, les uns disparaissent, les autres font dispraitre le vivant de plus en plus jusqu’à ce que la mort du dernier arbre s’en suive. Magnifique réplique d’un «  dealer » informatique dans «  Blade runner 2049 » faite au personnage joué par Ryan Gosseling qui montre un morceau de bois: «  tu as du bois , toi ? Tu es une homme riche » …A en pleurer, je le vois déjà…Car, oui, la barre de 2050 est bien celle annoncée par quasi tous les climatologues comme l’ultime tournant, déjà commencé  en 2020, ( 20° en Haute Lozère, le 20 février 2020) se renforçant vers  2030 qui fera de la terre un lieu où se multiplieront les zones inhabitables dès 2050…

 

Et bien non !

 

( Suite prochaine page) 

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