Je ne peux rien expliquer

par HDN Dalle  -  7 Juin 2020, 16:54  -  #textes, #photographie, #musique

Je ne peux rien expliquer

 

 

Je ne peux rien expliquer.

Le ciel ? Le grand hasard ? La chance ? Un inimaginable Soleil ? Un sort jeté il y a des siècles enfin arrêté ?

Si l’on croit les histoires de ce pays d’Amazonie, les pierres, l’émeraude, la turquoise, ont des vérités à dire ; il faut savoir les écouter…

 

Racontées par les shamans amérindiens, elles disent en mots à peine voilés que simple serait le cours du vent. Passant au-dessus des méandres du temps comme des fleuves, il ramènerait, au-delà des rives, l’Etre, dans le présent.

Il accrocherait, au coeur humain, l’âme ancienne. Celle-ci reviendrait sous une autre peau achever le rêve fait tout au long d’une vie passée.

 

Je réalise le bleu des mots, ici en Terre d’Amazonie. Ai-je été là, avant ? Les derniers songes que je fais quand hurlent les singes alouates au petit matin me le disent.

Et c’est ton regard émaillé d’ambre et de bleu qui m’a conduit à remonter les fleuves, moi qui ne savais rien du destin qui m’y attendait…

 

En mon pays amérindien, puis-je dire, j’ai pu réentendre la parole des arbres et des roches, transcrire sur des pages numériques le mouvement des branches et des lueurs de l’aurore, écrivant aux hommes que d’avenir pour eux, en ce siècle où s’ouvrent les feux, il n’y a qu’Aimer…

 

Aimer est le prolongement de l’histoire inachevée des êtres humains composant l’Humanité que nous gravons chaque jour depuis que nous marchons…

Nous nous sommes toujours déplacés, dès notre apparition, sans cesse en évolution, comprenant de plus en plus , pauvres primates que nous étions, l’univers et sa composition, nos cerveaux, posés droits sur les vertèbres cervicales lui permettant l’augmentation, pouvant ainsi créer des outils, des machines de plus en plus sophistiquées sans modération...

En reconnaitrons-nous la paix, que ce seul verbe signifie, le portant à même la peau ?

Aimer dans toutes ses déclinaisons, est la clé, certain l’appelle dieu, pour accéder à la connaissance de qui nous sommes, de là où nous venons et de là où nous allons. Si la Terre continuera de tourner, à voir ce que nous en faisons, c’est bien nous qui serons cause de notre disparition. Si les légendes le disent, les sciences en montrent maintenant le danger. 

 

Aimer.

Un croisement de deux lignes de vie à la verticale de l’esprit et l’horizontale du corps et du temps …

Pour les deux êtres, se sentir, de nouveau, corps et âme, présents au monde et à sa place dans l’histoire de la Terre, dans l’histoire de sa vie qui avait pris un virage sous le mauvais sort du hasard.

 

Se voir, s’entendre, sans s’attendre, se donner, recevoir, main dans la main, précieux pour tous ceux qui vivent à côté de nous.

 

Je ne peux rien expliquer mais se ferment pour chacun de nous deux, peu à peu, les portes du monde d’hier, la colère engendrée, la peur infiltrée à ne plus se voir comme être vivant…

Dans le regard de tes bras, dans le parfum de mes lèvres, s’élève un nouveau soleil du matin au soir.

 

Je reviendrai de l’autre côté de l’océan, vivant, oh miracle…

L’étoile blanche au-dessus de moi que voient mes amis Kalin’a, m’aura été un oracle.

 

Il y a des années, j’ai écrit des textes parlant d’une femme que je nommais Rivière Turquoise.

S’appelait-elle comme cela ?

N’aurai-je pas supporter sa disparition prématurée ?

 

Il paraitrait que je l’ai cherchée pendant des siècles…

 Il semblerait que nous étions princiers.

A lire mes pensées, c’est ce que m’ont dit les shamans d’ici au fil de toutes mes années d’Amazonie…

 

Je ne peux rien expliquer.

 

HDN Juin 20

 

 

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