Where Gold Colt and Cross are the only Social Security ( 2/7)

par HDN Dalle  -  26 Octobre 2019, 23:02  -  #textes, #photo, #musique

Where Gold Colt and Cross are the only Social Security ( 2/7)

Récit

Mi-octobre, Maroni.

Je suis en mission et en ai fait la première partie. Les conditions sont douloureuses car trois semaines auparavant, un jeune amérindien de dix-sept ans s’est suicidé, un de plus, au fusil de chasse sur un des sites isolés que je vais aller voir et que son ancien instituteur, proche de la quarantaine, a essayé de sauver, faisant un massage cardiaque. En vain. Son cadavre sera transporté aux siens sur une brouette devant le village réuni et les instits en état de choc. Deux jours plus tard, a été sauvé in extrémis une femme de quarante ans d’une mort par pendaison.

 

The Cross

La veille, débarqué sur le côté surinamien, pendant l’attente d’un transport, j’ai âprement discuté de tout çà avec un évangéliste qui lui aussi va faire le tour complet des villages de chaque côté du fleuve. "The Cross is here" me glisse-t-il pendant la conversation….

 Le jour suivant, le piroguier me fait parvenir un message : il ne pourra pas faire le deuxième transport prévu mais il a fait le nécessaire. Un cousin du cousin d’un ami viendra me chercher. Après près de trois heures d’attente, plein soleil, sur le dégrad, effectivement, une pirogue arrive. Sont installés dedans deux ou trois amérindiens et des inconnus qui ne me parleront pas. Réparties un peu partout sur l’embarcation, il y a des dizaines de caisses de bières et de matériel emballées. Le piroguier que je vois pour la première fois, jeune, regard caché derrière des lunettes de soleil américaines, casquette rivée sur la tête, me fait monter me disant qu’il est bien l’ami du cousin du cousin de mon piroguier, paroles que je prends comme une assurance que tout se passera bien.

 La pirogue n’ira pas directement au village suivant. Prenant un bras surinamien du Maroni, au bout de quelques minutes, dépassant un entrepôt pourri par les hydrocarbures, les produits toxiques. nous nous arrêterons devant des baraquements délabrées. Le fleuve, ici, pue et est à ce point pollué qu’aucune pêche ne peut se faire.

 

The Colt 

A ce premier arrêt, hommes et matériels sont débarqués. Garimpeiros. Rejoints par d’autres hommes et une femme, je les observe. Jeunes, musculeux, visages durs, regards froids, cicatrices çà et là, ils sont tous brésiliens.  Le plus vieux (mais c’est quoi vieux dans ces vies où se crame la vitalité plus vite que s’inhale une ligne de coc coupée aux amphétamines ?)  parle, ordonne, montre, puis s’en va. De dos, on peut voir une bosse sous son maillot. Tout le petit groupe exécutera ses ordres. Nous repartons dès que la dernière caisse a été déchargée.

L’entrepôt est lui bondé. De la berge où nous avons accosté, s’entend fort la musque brésilo-caribéenne, le rire imbibé des clients. Sur la large terrasse varangue, une femme assez jeune essaie d’enlacer un type soûl mais se fait jetée. De même, s’éjectent par-dessus la barrière, deux trois quatre canettes de bières, vol plané finissant dans le fleuve. Les berges sont d’une saleté sans nom. Après avoir fait l’achat de deux bonbonnes de gasoil dont il a besoin, le piroguier rejoindra le bras guyanais du Maroni. Nous arriverons au village amérindien plus tardivement que prévu.  

Là, on m’informera que ce site est bien une base arrière retranchée d’orpaillage clandestin en territoire surinamien. Là y vivent des damnés de la terre dont les passeports ont été pris, où une paire de bottes coûte trois cents euros, où l’alcool coule à flots et que les filles, jeunes, plutôt jolies, sont d’une grande rentabilité. On m’apprendra que sur l’autre fleuve, un garimpeiros a été tué lors d’une mission de gendarmerie et que le gendarme auteur du coup de feu est aux arrêts.

Rumeur ? Histoire inventée ?  Impossible  à vérifier car c’est le blackout des autorités. Toujours est-il que les amérindiens sont en colère, ne savent plus à qui parler et que des kilos d’or y sont expédiés régulièrement via les filières parallèles.

Or qui finira sous forme de bijoux dans les vitrines d’un peu partout dans le monde.

A suivre ….

 

 

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